Est ce que je suis parano ou il faut être torturé,
dépressif, fou et/ou drogué pour devenir artiste? Es-ce qu’il nous est
impossible d’avoir de bonnes idées, nous, personne finalement à la
psychologie plutôt équilibrée ? Est ce qu’il faut avoir vécu son enfance
comme le bédéiste de Philadelphie, Robert Crumb, avec un père violent, une mère
dépressive et passer son adolescence chez les nonnes qui te font culpabiliser
parce que tu as tâché tes draps à cause de ta première éjaculation
nocturne ?
Malheureusement pour eux, heureusement pour nous, tout ce
mal-être nous divertit. Chacun gère sa merde comme il le veut… Pour Crumb, ça a
été le dessin, les comics plus particulièrement. Perso, sur les conseils de mon
ancienne psy, j’ai tenu pas mal de journaux intimes ce qui a sûrement dû me
servir, sans que je m’en rende réellement compte. Lui a préféré
« exorciser » ses problèmes avec ses frères encore plus détraqués que
lui, à travers leur bande dessinée « Crumb Brothers Almanach » mettant en scène un chat (dés)humanisé Fritz
the Cat. Grâce à Fritz, il couchait
sur papier ce qu’il n’osait pas
faire, dire et être à cette époque. Son physique « pas facile »
et sa personnalité étrange l’en empêchant.
Le personnage Fritz the Cat est simplement un odieux escroc égocentrique doublé
d’un obsédé sexuel téméraire, raciste et hypocrite. La liste est longue et
s’ajoutera plus tard a son CV le fait d'être toxico.
Les histoires sont simplement absurdes, satiriques et
souvent vides (de sens) ; mais tout cela pour notre plus grand plaisir un peu
malsain.
Petite adaptation en film : http://www.youtube.com/watch?v=A9qMEL-xip4
En 1965, Crumb emménage à New York pour remplacer TerryGilliam du magazine Help ! publié
par Harvey Kurtzman. Ce dernier s’est
tout de même demandé s’il pouvait publier les histoires borderline de
Fritz sans être jeté en prison...
Il se casse ensuite à San Francisco où il découvre le L.S.D,
(à l’époque légal). Les américains appelleront ça « the fuzzy acid
period ». C’est à ce moment que, pour tes mirettes, Robbie inventera ses
personnages les plus my(s)tiques. On est au milieu des années 60 ; les
hippies dégueus envahissent les villes et les révoltes pour le droit des femmes,
des homos et contre la guerre du Vietnam battent leur plein.
Dans son délire acide, il accouche de Mr Natural. Un gourou illuminé qui rejette la société et est à la recherche du bonheur
permanent. « Keep on truckin ! »
Bon c’est aussi un escroc et ça me rappelle aussi un peu mon
psy :
(…)
« - Je pense que j’ai un blocage à cause de ça, je
crois que je n’arriverais pas à le surmonter
- Oui c’est terrible, mais vous surmonterez.
- Vous pensez ? mais comment ?
- La séance est terminée, on se voit la semaine
prochaine.
- …. »
Pour sa défense Mister Natural n’hésitait à botter le cul de
certains connards et narguait sévèrement notre copain Dieu. Voyez donc en lui
un Crumb qui a envie de changer le monde et qui rejette complètement la
religion… On préfèrera la manière dessinée de Crumb à celle de Charles Manson
qui se prenait pour LA réincarnation du Christ. Hum.
(Publié dans Yarrowstalks)
Les journaux alternatifs se multiplient, les mœurs changent,
la conscience-écolo arrive mais dans un climat de sexe, drogue et rock n’ roll.
Permettez-moi alors d’introduire de nouveaux
anti-héros ; tous aussi fascinants que détestables :
Whiteman le businessman coincé, Eggs Ackley (exactly) le macho sadique mais surtout
SNOID
Principal intérêt : le sexe. Petit et se faufilant
partout, il sera toujours prêt dès que l’occasion se présente. Il n’a aucune limite. Il te guetterait
de ton tiroir à soutifs, si tu rentrais chez toi encore en chien, après une
chasse à l’homme non fructueuse. Un conseil : regarde bien sous la couette
après ta pause pipi.
Superman n’a qu’a bien se tenir !... OU PAS. Sauver le
monde, casser la gueule des « pas gentils », y’en marre ! Le
bête, méchant, un peu scato/beaucoup pervers et très violent prend le
pouvoir.
(Publié plus tard dans Snoid Comix en 1981)
(Cher lecteur ou lectrice, si tu arrives à choper une bédé,
fais tourner, on aimerait voir les fantasmes tordus de Rob ! Merci)
Dans la foulée, Crumb sort son magazine ZAP Comix, (1968) qui n’hésitera pas à parler de tous les
tabous, sans oublier d’en
rajouter une couche bien grasse avec ses amis trop UNDERGROUND t’as vu !
D’ailleurs, la couche était telle que l’éditeur s’est cassé
avec toutes les planches = EN-FOI-RE
Je te laisse checker ses potos :
S. Clay Wilson avec qui il sortira Snatch Comics une BD humoristique et pornographique 30’s-40’s
style baby, traitant entre autres sujets passionnants l’inceste.
Il ne faut pas croire que tout le monde le portait dans son cœur. Mettre en scène des scènes ouvertement obscènes (répétition voulue) et de mauvais goût
n’a pas aidé. Il s’est aussi pris une branlée de critiques à cause de son
personnage Angelfood McSpade où il
caricaturait une femme noire. Vraiment aucun humour ces noirs !
En 1993 il sortira « When the niggers take over America » où il met en scène un bon
retournement de situation. Dans ta face, toi blanc comme un dessous de
couille !
1969 : Il a beau être marié et se taper une autre avec
qui il vit en « communauté » (sales hippies !) ; son
obsession pour les femmes et le sexe ne le quitte pas. Il rencontre d’ailleurs
sa femme actuelle quelques années après. (dont je vais parler, juste
au-dessous)
À partir de 1973 il arrête les drogues. Il a enfin une
femme qui le satisfait sexuellement (enfin j’imagine). La fameuse
s’appelle Aline Kominsky, avec qui il sortira plusieurs 4 mains qui susciteront
la révolte des lecteurs fans de Crumb. Ça devait plus ou moins ressembler
à « Qu’elle dégage ta femme, elle a des saucisses pas cuites à la
place des doigts ! » (je tenais à la faire, et je la ressortirai)
Pendant les années 1980, les headshops ferment (entendez par
là, magasin de pipes et de bongs), les magazines underground sont sur le
déclin, mais Rob ne baisse pas les bras et monte un nouveau magazine intitulé "Weirdo".
Il y fera participer ses amis dessinateurs Peter Bagge, Robert Armstrong et Drew Friedman.
Alors, s’il vous plait gente masculine, prenez en de la
graine, les top models, ça va deux minutes ! Préférez de la bonne chair
pulpeuse mais musclée ; l’amazone qui n’attend que vous. Je te présente Cheryl
Borck aka Devil Girl l’obsédante muse de Mr. Natural et de Flakey Foont.
Crumb a du goût, c’est un peu le
Botero de la bédé
Alléééé ! ne fais pas ton timide ! Je tiens à
le glisser. Puisque ça colle presque avec le sujet, que les
filles de RETARD sont seules et n’attendent que toi. Enfin, on se dit que si tu
nous lis, c’est que tu dois être un mec bien. Puis on pourra s'envoler ensemble aussi tu veux.
Sur ces pieuses paroles, passons à la conclusion et au
profil psychologique de notre bédéiste préféré (du mois au moins).
Avec sa provoc’ salasse, niquant tous les non-dits, pissant
sur les bonnes manières, ignorant les outrés et rendant accessible à tous ses
doutes, ses peurs et ses fantasmes les plus extrêmes/glauques, Robert
Crumb nous en aura mis plein la gueule. Aujourd’hui on accepte les alcoolos et
les échangistes, presque les nymphos et les sados masos, en revanche
on attend toujours pour les scato et les gérontophiles.
L’exposition CRUMB d’underground à la Genèse, c’est jusqu’au
19 août au Musée d’Art Moderne de Paris !
À savoir aussi :
1991 : Il déménage en France où il y vit toujours. Il
aura échappé à une jolie dette fiscale, comme ça.
1993 : Il fait a fait les illustrations du bouquin « Kafka for beginners » bio, écrite par David
Z. Mairowitz
1995 : Terry Zwigoff fait un documentaire
« Crumb » avec l’aide de David Lynch. Il est présenté à l’expo.
1999 : Il reçoit le grand prix d’Angoulême
2009 : Il sort La Genèse, qui ne fera pas du tout
plaisir à ses fans.
Comme souvent, les « chiens ne font pas des
cochons » sa fille Sophie est aussi dessinatrice.
Comme les comix et magazines de l’époque s’arrache pour une
fortune sur internet, tu peux encore acheter « Self-Loathing »,
« Mystic Funnies » ou « Dirty Laundry comics ».
En ce qui concerne le film de Terry Zwigoff, âmes sensibles s'abstenir ! Ce film est complètement flippant !
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