Dadalú est une musicienne chilienne qui joue depuis la fin des années 90. Je l’ai connue au travers de mes recherches dans les myspaces chiliens il ya des années de ça. Dans sa musique il y a une candeur mélancolique qui a toujours attiré mon attention.
Elle fait une pop remplie d’influences, du rap au punk, sans oublier la musique expérimentale. Elle part en tournée en Europe pour la troisième fois en mai et juin avec Oso El Roto et Chica King Kong, son nouveau groupe. Elle commence ses dates avec une participation au Gonzervatory de Chilly Gonzales, le « The Voice » chic du musicien canadien qui aura lieu au Trianon. Elle nous raconte tout ça.

Pourquoi tu fais de la musique ?
Parce que c’est un besoin. Ça a commencé comme une forme de psychothérapie. Une manière de voir d’un autre point de vue les problèmes de coeurs et mes états d’âmes, pouvoir partager des sentiments … Et c’est devenu comme une nécessité de se connecter et de partager.

Pourquoi tu t’es pas arrêtée à faire un seul style, que du rap ou que de la pop ?
Parce que pour moi la musique c’est un peu comme la nourriture ou les couleurs, on ne peut pas vivre avec une seule saveur uniquement. A part ça je suis trés curieuse. J’ai besoin d’essayer des choses différentes, de sortir de ma zone de confort … J’aime beaucoup de styles différents que j’ai envie d’experimenter.

Qu est-ce que tu préfères faire : composer a l’ordi ou répéter avec des musiciens ?
Composer a l’ordinateur et jouer en concert. La vérité, c’est que ça m’ennuie de répéter à la maison seule ou avec des amis, je préfère faire des concerts le plus possible.

J’ai remarqué que derrière la joie apparente de certaines de tes chansons, il y a toujours une mélancolie cachée. Pourquoi selon toi ?
Vraiment j’en sais rien. Hum, je vais inventer un truc

Ok
Je crois que la vie me rend nostalgique, le vide de vivre.

Ça te fait quoi de participer au Gonzervatory ?
Je suis très émue par cette idée, c’est incroyable ce qui m’arrive. Je gagne jamais rien, j’aime apprendre, et qu’y a-t-il de mieux qu’apprendre avec des musiciens qu‘on admire ?

Parle nous un peu des visuels que tu utilises dans tes concerts : d’où te viennent ces idées ?
On regarde aussi un concert, c’est un moment qu’on peut utiliser pour montrer d’autres disciplines qui m’intéressent beaucoup. Notamment, le dessin ou tout ce qui peut se faire par les mains. Au Chili, nous avons une artiste qui s’appelle Violeta Parra, je suis allée au musée consacré à son travail et j’ai vu ses merveilleuses tapisseries. J’ai essayé d’imiter sa technique et faire mes propres tapisseries pour mes concerts. Je me suis rendue compte que c’est une matière super flexible pour faire des masques par exemple, la maille n’est pas si serrée, ce qui permet de voir a travers de la toile, et donc on peut chanter avec.

Comment c’est de jouer au Chili ?
C’est un peu dur, on est jamais payé. Le public ne va pas au concert. On ne peut pas faire de tournées. J’imagine que c’est la faute de l’histoire du Chili. C’est un pays qui a vécu une dictature, c’est encore un pays jeune. On est en train de se réinventer.
Aprés la dictature, s’est installé un capitalisme a l’américaine ainsi qu’une colonisation culturelle individualiste. Les gens doivent beaucoup travailler pour des petits salaires. Ils n’ont du coup plus de force pour aller aux concerts ou pour se renseigner sur la musique.

Après le Gonzervatory tu vas partir en tournée en solo ainsi qu’avec ton nouveau groupe, Chica King Kong. Présente le nous !
C’est un duo que je fais avec l’artiste visuelle et la chanteuse Camilla Falcucci. Camilla se dédie essentiellement a l’art textile, et c’était aussi la chanteuse d’un groupe punk chilien “las olas “

Avec Chica King Kong mon boulot c’est de faire la musique, Camilla écrit les paroles et la mélodie de chant. C’est un style de musique qui pourrait se définir comme une espèce de punk électronique libre.

Quels sont les musiciens chiliens d’aujourd’hui que tu recommanderais aux français ?
Niños indigo : une amie dessinatrice qui fait une pop ambiante électronique experimentale pleine de jolies voix que j’aime
Jkrnda-krnda : un autre ami qui fait des petits chef d’oeuvres de pop électronique qui me rappelle les années 90, remplies de mélodies accrocheuses.
Luciano malo : encore un ami “ de Concepción ( ville du sud du Chili ) qui fait des chansons lo-fi intimistes, pleine d’énergie et de liberté.

Un dernier mot ?
Allez aux concerts, osez jouer de la musique, soyez créatifs, vivez le moment présent qui ne reviendra jamais, ressentez les sons les images, achetez les disques .

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Demo de Chica King Kong